vendredi 3 juillet 2015

Et après?

Lors de la rentrée de l'année scolaire 2014 je pensais déjà à la fin de mon contrat.

Non parce que j'avais hâte d'en finir, au contraire. Je savais très bien qu'il s'agissait de mon dernier contrat à Saint-Jean-Eudes, l'école secondaire où j'enseigne depuis trois ans; l'enseignante en congé de maternité que je remplaçais allait revenir au travail pour l'année scolaire 2015-2016. Je ne sais pas si ce que je ressentais était de l'angoisse, mais tout ce que je peux affirmer, c'est que je ne me sentais pas bien à l'intérieur. Chaque fois que je pensais à la fin de l'année, j'essayais de chasser l'étau qui serrait mon cœur. Heureusement, pour m'assurer de profiter pleinement de mon année, je me suis impliquée dans des projets à l'école, comme le Club de course et le Grand Défi Pierre Lavoie, vous le savez. J'ai aussi fait en sorte d'avoir du plaisir avec mes élèves et de développer de belles relations avec eux tout en les faisant cheminer vers la réussite.

Grand Défi Pierre Lavoie, 2015.

Puis vinrent la soirée de la remise des diplômes, la fête de fin d'année des enseignants, le bal, puis le congé estival.


En un battement de cils, l'année scolaire était déjà achevée.  

Collation des Grades, 2015.

Savoir que rien n'est prévu pour moi l'année prochaine est à la fois épeurant et excitant. C'est épeurant, parce que mes inquiétudes d'adultes sont présentes (payer mes comptes d'électricité et Vidéotron, et manger, je me questionne à savoir si mon ordinateur ne brisera pas ou encore si ma voiture ne rendra pas l'âme), mais c'est aussi excitant parce que j'ai la possibilité de m'écrire une nouvelle histoire, de tracer un chemin différent, d'explorer de nouvelles avenues. Toutes ces sensations sont probablement causées par ce que l'on appelle sortir de sa zone de confort. 

Pour être honnête, avant de vivre positivement cette liberté, je suis passée par toute qu'une gamme d'émotions, naviguant entre la pensée très négative, l'insécurité et, justement, cet abandon, cette confiance en la vie.

Bal, 2014.

Au début, j'ai très mal vécu la fin de mon contrat. Dans ma tête tournaient sans arrêt des pensées me dénigrant, me disant que je n'étais pas une enseignante assez bonne, par exemple. Évidemment, cela n'a absolument rien à voir avec moi personnellement; il n'y a juste pas d'emploi disponible dans cette école l'année prochaine. Niet. Nada. Pas de poste ni d'enseignant à remplacer.

Voyage à Washington en 2013.


Je ne vous cacherai pas que j'ai pleuré pendant un petit moment. Les larmes ont commencé à rouler sur mes joues un soir vers 22h, puis elles ont cessé le lendemain en après-midi. J'ai très mal dormi cette nuit-là. Et le lendemain matin, Monsieur C et moi sommes allés faire une cinquantaine de kilomètres à vélo du vélo. Je vous avouerais que pédaler, pleurer, chercher son souffle et hyperventiler ne sont pas les sensations les plus agréables à vivre, surtout lorsqu'elles arrivent toutes en même temps!

Mon amoureux m'a été d'un grand support. Il m'a prêté son épaule pour pleurer et m'a assurée que j'étais la meilleure des meilleures, ah!

Puis, je n'ai pas eu le choix de finir par accepter la réalité. Et m’apitoyer sur mon sort n'allait certainement pas me faire avancer dans la vie. Je sais que la prochaine rentrée scolaire sera un peu difficile, car je ne travaillerai pas avec mes collègues de Saint-Jean-Eudes, qui sont comme ma famille, et que Monsieur C et moi devrons nous adapter à un nouvel horaire. Nous avons vécu une année complète à travailler au même endroit, à enseigner aux mêmes élèves, à covoiturer, à nous impliquer dans le Club de course, à nous entraîner ensemble, à revenir tard de nos journées de travail, à corriger ensemble, bref, à nous comprendre et nous supporter.

Broyer du noir ne me sert à rien. Qui sait, peut-être que la prochaine année sera plus belle encore?

Dès la fin de l'année scolaire, je me suis remise à la recherche d'emplois liés à l'enseignement, mais aussi liés à mes études à la maîtrise. J'ai pris plaisir à composer des lettres de présentation (et je me suis rendu compte cette semaine que j'ai daté toutes mes lettres de présentation de l'année 2014... c'est bien moi, ça!)  et à envoyer mon curriculum vitae aux ouvertures de poste qui m'intéressaient. Même si ma maîtrise n'est pas terminée et que je ne suis pas la personne qui possède le plus d'expérience, je tente tout de même ma chance avec certains emplois. On ne sait jamais, peut-être qu'aucune autre candidature n'aura été envoyée et qu'on n'aura pas le choix de m'engager!

Si rien ne fonctionne en terme d'emploi, je retourne aux études à temps plein pour bien avancer ma maîtrise. J'ai déjà construit mon horaire et j'ai réussi à conserver quelques trous libres pour faire de la suppléance ou encore pour me dénicher un emploi étudiant à l'Université comme auxiliaire de recherche.

Cette nouvelle ouverture d'esprit quant à mon avenir me fait réaliser que j'ai de la chance d'avoir autant de possibilités qui s'offrent à moi et que même si cela peut parfois me paraître terrifiant de ne pas avoir un futur qui soit déjà fixé, je sais que cette situation est temporaire et que je grandirai bientôt grâce aux nouvelles expériences que je vivrai.

D'ici la fin de l'été, j'étudie pour la maîtrise, je prends du soleil et au mois d'août, je donnerai les cours d'été de français de la troisième secondaire. Et après? Je réaliserai de beaux et nouveaux projets.

Avez-vous déjà vécu un moment où vous vous êtes retrouvés en déséquilibre dans votre vie? Un moment où vous avez dû prendre du recul, un moment où vous nagiez dans l'incertain, dans l'inconnu?

4 commentaires:

  1. Oui, lorsque j'ai fini mes études, je n'ai pas trouvé immédiatement de travail dans mon domaine. Alors, j'ai fait un petit boulot en attendant et puis c'est là avec mon conjoint que nous avons du choisir entre rester au Québec ou aller en Suisse. Nous avons choisi la Suisse et j'étais pleine d'espoir de pouvoir m'épanouir professionnellement dans un autre pays. La réalité a été tout autre, mais même si ma vie n'est pas comme je l'avais imaginée, je ne regrette pas mes choix. Je n'arrive pas à être toujours positive et c'est bien normal, mais je me dis qu'au dessus des nuages, il y a toujours le soleil.

    Bonne journée et courage! :)

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  2. Ça ne doit certainement pas être évident de vivre avec cette incertitude dans l'enseignement, et de devoir quitter un travail et un milieu qui te plaisaient. Avec ta joie de vivre et ton dynamisme, je suis persuadée que tu sauras trouver un autre défi stimulant, que ce soit avec la poursuite de ta maîtrise ou un autre boulot. Ce sera différent, mais pas nécessairement moins agréable. N'empêche que je te comprends, ça semblait pas mal parfait comme année. J'ai hâte de connaître la suite!!

    Ah la la, la date de tes lettres de présentation =)

    Quand j'ai finalement terminé mes études, j'avais bien du mal avec l'idée de devenir une profesionnelle, de quitter mon statut d'étudiante qui a une jobine. J'ai donc conservé ma jobine pendant près de 6 mois avant d'envoyer un premier CV pour travailler dans mon domaine.

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  3. Je suis certaine que tous les morceaux de casse-tête relatifs à ton avenir professionnel se mettront en place au cours de l'année à venir. Tu es vaillante, déterminée, engagée et douée, alors tout est là pour que le meilleur te soit réservé!

    Pour ma part, j'ai connu tout un déséquilibre personnel lorsque j'ai dû mettre fin à ma première relation amoureuse qui s'est échelonnée de mes seize ans à mes vingt-huit ans. Ouf, que ça été de durs moments à passer! J'y suis parvenue mais quel déséquilibre par lequel j'ai dû passer, oui...

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  4. Pas facile en enseignement... Mon Homme est toujours précaire après 10 ans, il n'enseigne pas dans son champ et, chaque mois d'août, c'est l'angoisse: vais-je travailler? Où? Combien de temps? Quelle matière vais-je enseigner??? Combien de groupes j'aurai??? Etc. Je te trouve franchement bonne d'être passée à travers tout ça et d'avoir trouvé la paix dans tout ça!

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